Actualité

La détection du HPI chez l’adulte

Manon Demonty

Le haut potentiel intellectuel (HPI) est une réalité fréquemment associée à des questionnements, des avis tranchés et parfois des fausses croyances. Cet article vous guide dans quelques questions générales sur le sujet et sur les implications d’une consultation psychologique à ce sujet.

Je pense que j’ai un HPI, dois-je consulter ?

Evidemment, il n’y a jamais de mauvaise raison de consulter un professionnel de santé mentale. Toute souffrance est légitime et toute difficulté mérite d’être accompagnée si la personne qui la vit le souhaite. Consulter pour identifier un mode de fonctionnement HPI, c’est avant tout s’inscrire dans une démarche de compréhension de soi-même et faire confiance à un.e psychologue dans son choix d’outils pour répondre aux questionnements posés, tout en recevant une explication précise de la démarche dans laquelle vous vous engagez, afin de prendre une décision éclairée.

Toutefois, il est essentiel de rappeler que le HPI n’est pas un trouble, et n’est donc pas diagnostiqué. Cela n’enlève pas la souffrance que certaines personnes – pas toutes ! – peuvent ressentir dans le cadre du HPI. On parlera alors de détection ou d’identification. Dès lors, un HPI peut faire l’objet d’une consultation pour la personne qui le souhaite, mais avoir un mode de fonctionnement HPI n’implique pas forcément des difficultés.

Les personnes avec un HPI et qui vivent une souffrance viennent souvent en consultation avec une série de difficultés qui peuvent certes être liées au HPI, mais qui n’en découlent parfois pas nécessairement ou qui s’expliquent par d’autres réalités. Une consultation « pour un HPI » devra donc prendre en compte des facteurs qui dépassent largement le champ de l’intelligence.

Quels outils sont utilisés pour détecter un HPI ?

L’évaluation psychométrique d’un HPI ne peut passer que par la passation d’un test de quotient intellectuel, et la conclusion dépend du QI total obtenu et de si celui-ci dépasse un certain seuil. Actuellement, l’outil principalement utilisé permet une mesure de l’intelligence selon plusieurs facteurs, issu principalement des batteries de Weschler.

Cette évaluation est essentielle pour appuyer avec certitude le mode de fonctionnement HPI. Toutefois, la passation d’un test de QI n’est pas une condition nécessaire pour recevoir de l’aide psychologique. Comme rappelé ci-dessus, un vécu difficile ne peut s’expliquer entièrement par des compétences intellectuelles de haut niveau, mais également par d’autres réalités, individuelles ou contextuelles. Dès lors, même si le test de QI ne peut être réalisé ou que vous ne souhaitez pas le passer, il est tout à fait envisageable d’entamer une thérapie sans être passé.e par cette étape.

La passation d’un test de QI doit être préalablement discutée avec le/la psychologue. En effet, il est essentiel d’avoir compris son but : le test de QI évalue l’intelligence en s’approchant au mieux des théories actuelles de l’intelligence, mais reste une mesure effectuée à un temps T, constituant une photographie de votre performance au moment où il est administré. Il sera donc influencé par les facteurs du moment de passation, comme de la fatigue, une maladie, ou encore du stress. S’il y a plein de situations dans lesquelles il peut être utile de passer un test de QI, il y a aussi de nombreuses raisons de ne pas le passer si on cherche à mettre en évidence un HPI : maladie ou prise de certains médicaments, trouble psychologique suspecté susceptible d’interagir avec les résultats (dépression, burn-out, trouble anxieux, vécu traumatique…), ou encore des éléments associés à l’hygiène de vie (consommation de substances, troubles du sommeil).

J’ai été identifié.e HPI, qu’est-ce que cela signifie ?

L’identification du HPI doit se mener en regard de votre vécu et parcours personnel. « Être HPI » ne veut pas dire que vous ressemblez nécessairement à toutes les autres personnes HPI ; il n’y a en réalité aucune raison que des personnes avec un haut niveau de QI se ressemblent plus entre elles que des personnes avec un QI dans la moyenne. Le processus d’identification doit donc être global et s’axer sur l’ensemble des difficultés que vous rencontrez dans votre quotidien et faire des liens – ou non – entre les résultats du test et votre vécu/histoire.

Rappelons à nouveau que les difficultés que vous vivez peuvent ne pas être par essence liées au HPI, il est donc possible que votre psychologue vous propose des hypothèses/pistes qui les expliquent autrement. Le HPI est alors une information, que vous et votre psychologue allez prendre en compte dans le cadre de votre suivi, mais ne sera pas à lui seul une réponse à tout.

Je pense que je suis hypersensible, dois-je faire un test de QI ?

A priori, non. L’hypersensibilité, ou comme on peut l’appeler plus récemment, la haute sensibilité, est une caractéristique rencontrée bien davantage dans la population générale que le HPI (20 % contre 2/3 % pour le HPI). Par ailleurs, toutes les personnes avec un haut QI n’ont pas forcément une haute sensibilité. Enfin, le test de QI n’expliquera pas votre vécu d’hypersensibilité, simplement car ça n’est pas ce que le test mesure.

La haute sensibilité n’est pas un diagnostic, mais une caractéristique. Votre psychologue prendra donc en compte cette caractéristique, comme toutes celles qui vous composent, et l’analysera à la lumière des outils qui sont les siens.

Enfin, la haute sensibilité se distingue ici du « haut potentiel émotionnel », qui n’est pas non plus une réalité diagnostique documentée. Cette question se lie plutôt à la question des compétences émotionnelles, et un haut potentiel pourrait suggérer des compétences supérieures dans ce domaine, ce qui n’est pas forcément le cas des personnes hautement sensibles. A nouveau, si le travail sur les émotions et les compétences associées est pertinent pour vous, cela sera proposé par votre thérapeute, en fonction des outils dont il/elle dispose.

J’ai été identifié.e HPI, que dois-je faire maintenant ?

Il n’y a pas de recommandations « miracles » ni toutes faites en pareil cas. A nouveau, cela dépendra de vos difficultés propres ainsi que de votre demande.

Si la réponse à la question du HPI peut vous aider dans la compréhension de vous-même, il est bien sûr possible et probable qu’elle ne soit une explication ni exhaustive ni suffisante. Les pistes supplémentaires à la phase de détection seront donc expliquées par votre psychologue et il vous sera libre de décider vers où vous souhaitez poursuivre votre démarche.

Je souhaite entamer une démarche de détection du HPI. Comment cela va-t-il se passer concrètement ?

Il vous faudra consulter un.e psychologue formé.e, qui dispose des connaissances scientifiques actualisées pour accueillir votre demande. Il/elle commencera par un entretien d’anamnèse, qui aura deux objectifs principaux :

  • Comprendre précisément votre demande pour y répondre adéquatement
  • Recueillir des informations sur votre mode de fonctionnement passé et présent (données médicales et développementales, parcours scolaire et professionnel, vécu familial, social, psychoaffectif)

A l’issue de cette étape, le/la psychologue vous expliquera les outils possibles pour vous aider. Comme décrit précédemment, ces outils ne seront pas nécessairement le test de QI si le/la psychologue ne l’estime pas nécessaire ou pertinent, ou si vous ne le souhaitez pas. Même si le QI est nécessaire à la détection, il n’est pas nécessaire à l’accompagnement des difficultés.

Pour aller plus loin, je recommande l’ouvrage « Le Haut Potentiel en questions » de Catherine Cuche et Sophie Brasseur.

Nos autres articles